dimanche 11 juin 2006

Steve Ballmer, patron de Microsoft, expose son objectif : virer 6,5% des salariés par an !

Microsoft's top man, Steve Ballmer, reveals his goal : to sack 6,5% of employees per year !
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Comme l’explique l’article du Times Online, Steve Ballmer en visite auprès des patrons britanniques, les incite à suivre son exemple et à virer autant de collaborateurs sous-performants que possible chaque année : « Microsoft, constitué de 61000 salariés dans le monde, vise à virer 6,5% de son effectif chaque année qui ne font pas assez bien leur job » d’après Steve Ballmer[1]
Les salariés de Microsoft France constatent un peu plus chaque année cette politique volontariste de licenciements. Le taux de licenciements est passé de 2% de l’effectif en 2001 à 4,2% en 2003 puis à 4,6% en 2005. En 5 années, c’est près de 150 salariés qui ont été licenciés[2]. Et comme la filiale française n’est pas encore à l’objectif de 6,5%, on peut craindre que la progression continue car il faudra alors qu’elle licencie plus de 70 personnes en 2006 pour respecter l’objectif !
La période des entretiens annuels d’évaluation est la période où la menace est maximale : l’épée de Damoclès est au dessus de la tête de chacun, quelle que soit son ancienneté, 1 an ou plus de 15 ans et quelle que soit sa compétence. A tel point que beaucoup de salariés en concluent « qu’on finira tous par y passer ». Les raisons pour lesquelles les salariés sont désignés sont extrêmement subjectives aux yeux de beaucoup et la performance réelle n’est pas la raison.
Les collaborateurs concernés, dévalorisés par leur hiérarchie qui leur explique qu’ils ne sont pas performants, alors qu’ils travaillent pour la plupart 10 à 12 heures par jour[3], vivent une expérience psychique très éprouvante.
Peter Skyte[4], national officer of Amicus, le principal syndicat britannique réagit aux propos de Steve Ballmer dans l’article du Times Online en disant que ce type de politique crée « la culture de la peur ». Les conséquences sur les salariés présents dans l’entreprise sont celles qu’on imagine : climat de peur et d’angoisse, dépressions évoquées au détour d’une conversation confidentielle, excès de travail pour répondre à la pression managériale, individualisme, technique du « parapluie », comportements politiques pour « donner de la visibilité à son travail », etc.
Des managers, ayant du procéder au licenciement d’une personne de leur équipe, à la demande de leur hiérarchie, expriment parfois leur malaise, même des années après, conscient d’avoir fait « le sale boulot[5] » et d’avoir sans doute commis un acte lourd de conséquences.
Le plus paradoxal est le discours de la direction qui, en interne comme en externe dans sa communication institutionnelle, parle de sa démarche de responsabilité sociale et de sa fierté d’être une des entreprises « où il fait bon vivre »[6] !
Finalement, ces licenciements ont lieu parce Steve Ballmer fixe des objectifs aux managers des filiales et parce qu’il pense que le climat de peur est efficace pour rendre l’entreprise encore plus performante financièrement.
La section syndicale CFE-CGC se demande :
+ pourquoi, dans cette entreprise, le succès dans le business semble totalement incompatible avec les pratiques humaines de management ?
+ combien de temps encore ce système injuste et inhumain pourra tenir tel quel et produire un tel désastre humain ?

Microsoft’s top man, Steve Ballmer reveals his goal : to sack 6.5% of employees per year !
As explained in the Times Online article, when visiting the British directors end of april, Microsoft’s chief executive, Steve Ballmer, urged British businessmen to follow his example and sack as many underperforming staff as possible each year. Mr Ballmer, whose personal worth is $14 billion (£7.8 billion) seeks to dismiss 6.5 per cent of his global workforce every year” [1]
Microsoft France employees (microsoftees) record a growing number of layoff each year : 2% of staff in 2001, 4,2% in 2003 and 4,6% in 2005. In 5 years, nearly 150 Microsoft France employees have been dismissed[2]. and because the 6,5% goal rate has not yet been reached, the progression may continue. To succeed in this objective, Microsoft France Management would have to dismiss over 70 employees in 2006 !
It is the Annual Evaluation Review period that is the most threatening time: the sword of Damocles hangs over each head, regardless of seniority (be it 1 or 15 years) or skill. The ultimate inevitability of redundancy is accepted by many employees who say “our turn will come one day”. In many cases the reasons given are extremely vague to most employees and often real performance is not the cause.
The Microsoftees concerned are put down by their hierarchy who explain that they underperform. In fact they work hard, mostly between 10 to 12 hours a day[3]. It is psychologically very trying.
As explained in the Times Online article, “Peter Skyte[4], national officer of Amicus, Britain’s biggest private sector union, which has members in IT, condemned Mr Ballmer’s call. “These sorts of policies can only create a culture of fear,” he said. “A cutting-edge company like Microsoft should be encouraging their staff rather than demoralising them.”
The consequences on remaining microsoftees are those anybody would imagine: fear, anguish, depression (related confidentially during a private conversation), overwork in response to managerial pressure, individualistic behaviour, umbrella techniques (to cover oneself in the event of a problem), political behaviour to “give visibility to ones work”, etc.
Managers, who in the past have had to dismiss somebody in their team, sometimes express their unease, even several years later, conscious that they have done “the nasty job” [5]and that their act must have entailed heavy repercussions.
The biggest paradox is the management’s message, both internally and externally, explaining that Microsoft is “a great place to work®”! [6]
Finally, these dismissals are made because Steve Ballmer sets management objectives to the subsidiaries and because he thinks that fear culture is efficient for the company to get a better financial performance…
CFE-CGC union branch at Microsoft is wondering :
+ Why, in this company, does business success seem totally incompatible with human management ?
+ How long will this unfair and inhuman system go on producing, humanely speaking, such a disaster?[1] Voir l’article sur http://business.timesonline.co.uk/article/0,,9075-2153181,00.html
[2] Cf. Bilans sociaux des années 2001 à 2005 . Sans inclure les ruptures de contrat en période d’essai.[3] Enquête semestrielle sur le temps de travail des collaborateurs ayant le statut cadres en mission[4] Peter Skyte, national officer of Amicus, Britain’s biggest private sector union, which has members in IT, condemned Mr Ballmer’s call. “This sort of policies can only create a culture of fear,” he said. “A cutting-edge company like Microsoft should be encouraging their staff rather than demoralising them.”[5] Notion développée dans le précieux ouvrage de Christophe Dejours « Souffrance en France »[6] Voir la page http://www.microsoft.com/france/apropos/bon-vivre.mspx


5 commentaires:

  1. Je connais plusieurs collègues dans cette situation.
    C'est bien que quelqu'un en parle et aborde les vrais problèmes de façon honnête et directe. On attendait cela depuis longtemps sans oser l'espérer !

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  2. Bravo !!!
    Ayant quitté récemment Microsoft (de mon plein gré) je suis effarée par l'ambiance qui m'est rapportée par mes ex-collègues et qui continue à se détériorer si c'était possible. Des équipes angoissées et démotivées sous la coupe de managers "mercenaires" qui multiplient les agressions.

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  3. Si on suit la logique de Steve Ballmer ne devrait-il pas se l’appliquer à lui même? Ne ferait-il pas partie des 6.5% de gens a être virés? Le court de l’action n’a pas bien performée depuis les 7 dernières années sous sa direction. Les meilleurs employés quittent maintenant Microsoft pour rejoindre la compétition. Le moral des employés est au plus bas.

    If one follows Steve Ballmer’s logic shouldn’t he apply it to himself? Isn’t he now part of the 6.5% to be sacked? The stock price has not performed during the last 7 years during which he has been in charge. The best people are now leaving to join the competition. Employees moral is at its lowest.

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  4. bravo, enfin quelqu'un qui ose aborder ce problème, que signifie réellement la notion de "low performer", si de toute facon on sait qu'il faut "élaguer" 6.5 % de l'effectif tous les ans ? Encore bravo pour votre courage, continuez comme ca, beaucoup de salariés de Microsoft sont de votre côté, meme si trop peu ose le montrer

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  5. Votre article vient d'etre relayé sur l'intranet de notre boite, américaine aussi. Ca fait du bien de voir que certains se battent pour stopper ces pratiques sauvages. Vivement qu'elles cessent!
    Ca remonterait la cote de Microsoft qu'elle devienne un peu plus humaine...soufflez-le à Steve

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